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HCCH et GPA : réflexion (toujours) en cours...

Civil - Personnes et famille/patrimoine
02/10/2019
Les travaux du groupe d'expert de la Conférence de droit international privé de La Haye (HCCH), qui portent sur la possibilité de créer ou non des règles de droit international privé applicables à la reconnaissance de la filiation dans des situations transfrontières, n’ont pas encore tranché la question d'inclure les règles dédiées aux filiations établies à l'issue d'un processus de GPA dans un futur instrument.
Le rapport de février 2019, du groupe d'experts qui s’est réuni à La Haye sur le projet filiation et maternité de substitution annonce la rédaction d'un projet de convention internationale à caractère général portant sur la filiation et un projet de protocole spécifique pour les maternités de substitution à caractère international (GPA). Un député a alors interrogé la garde des Sceaux sur la position de la France vis-à-vis de ce rapport.

La ministre de la Justice dans sa réponse publiée au Journal officiel de l’Assemblée nationale a rappelé que les travaux du groupe d'expert de la Conférence de droit international privé de la Haye portent sur la possibilité de créer ou non des règles de droit international privé applicables à la reconnaissance de la filiation dans des situations transfrontières. « La question de la reconnaissance de la filiation établie à l'issue d'un processus de gestation pour autrui n'est qu'un aspect du projet. Le groupe ne travaille ni sur l'autorisation ni sur la prohibition de la GPA. Ces travaux sont encore loin d'être achevés et la question d'inclure les filiations établies à l'issue d'une GPA dans un futur instrument est en discussion et n'est pas tranchée. Une des pistes de travail est d'établir deux instruments, l'un avec un corps de règles applicables aux filiations en général et l'autre, facultatif, avec un corps de règles dédié aux filiations établies à l'issue d'un processus de GPA. Dans les situations de GPA, certains experts ont demandé que la reconnaissance potentielle de la filiation soit subordonnée au respect de certaines garanties mais cette notion ne fait pas consensus ».

Par ailleurs, la ministre indique que le projet en cours de discussion n'a pas pour objectif de forcer les États qui adhéreraient à un futur instrument à modifier leur législation interne en la matière, de sorte qu’il n'imposerait en aucun cas à la France de légaliser la GPA.
En outre, à l'issue de ce long processus de négociation, chaque État est libre de ratifier ou non, in fine, les instruments qui sont élaborés au sein de la Conférence de la Haye quelle qu'ait été leur position lors des travaux préparatoires. Pour la ministre, « il ne serait pas approprié que la France soit le seul État à s'opposer à la poursuite de ces travaux juridiques ou à cesser d'y participer alors même que la Cour européenne des droits de l'homme souligne dans son avis consultatif du 10 avril 2019 l'importance de ces travaux de la Conférence de la Haye, compte tenu de la complexité des enjeux en la matière. Par ailleurs, il convient de rappeler que la France est membre de la Conférence de la Haye de droit international privé depuis 1964. Elle contribue à ce titre, ainsi que les 81 autres États membres et l'Union européenne, au budget de cette organisation internationale. La HCCH est à l'origine de conventions internationales majeures qui sont appliquées quotidiennement par les juridictions françaises et les praticiens du droit, et ont pour objectifs de faciliter la coopération judiciaire (conventions sur la notification des actes, sur l'obtention des preuves, sur l'accès à la justice), ainsi que la protection des enfants (Convention sur l'enlèvement international d'enfant, sur la protection des mineurs, sur le recouvrement des obligations alimentaires et sur l'adoption internationale) et des personnes vulnérables (Convention sur la protections des adultes). Ces conventions sont le cadre de coopération le plus efficace et le plus répandu en dehors de l'Union européenne, 152 États du monde étant liés à l'organisation. Il n'apparaît donc absolument pas opportun que la France n'honore pas ses obligations financières et ne contribue plus au budget de cette organisation dont le plan de travail est d'ailleurs décidé par ses États membres ».
Source : Actualités du droit